Le papillon de l\'espoir

L'insoutenable vérité venait de tomber. Mon garçon de 20 ans s'en est allé, après 12 jours de coma. Mon corps n'a pas tardé à se mettre en mode robot pour commencer à agir. comme anesthésié par des décharges hormonales. Il était toujours sur terre et visible à l'oeil nu si je puis dire.

Je savais ce qui s'était passé à partir du moment où l'ambulance était arrivée sur place. Et la suite mais pas l'avant. Qu'est ce qui s'était passé pour que cela en arrive là ?  Je voulais comprendre. Je suis allée à la police pour avoir les constations officielles. C'était très dur à écouter. Puis je suis allée voir l'état de sa voiture. Là j'ai craqué et je me suis dit "croire qu'il aurait pu vivre....". Mais je n'acceptais pas. Sa voiture, son espoir, sa liberté était devenue son cercueil en quelque sorte. Elle était cassée, démontée, pleine de sang encore, la pochette de transfusion faite sur place y était aussi. Son volant tout tordu. L'horreur...... c'était devenu la cage de l'horreur et du désespoir. 

Un mois et demi plus tard je me suis rendue sur les lieux de l'accident. Je ne voyais pas où cela s'était produit jusqu'au moment ou on m'a dit il faut regarder l'écorce des arbres. Et à l'instant même j'ai vu. Je me suis approchée pour voir tous ces débris de phares. Je les ai ramassés comme derniers souvenirs, de sa voiture. Je voulais avoir des explications mais il faisait noir, froid............je me trouvais là comme en léthargie devant cet arbre. L'arbre de l'incompréhension. L'arbre de mon désespoir. Je vois tout près de moi une petite fille qui sort de sa maison elle sautillait sur les marches pour sortir. Son papa l'a suivant de peu je me décide d'aller demander ce qui s'est passé là un mois et demi plus tôt. Le monsieur très gentil m'explique tout ce qu'il me manquait comme informations. Il avait parlé à mon garçon, mais il ne savait pas qui j'étais. Je le laisse donc me raconter les derniers moments de mon garçon en vie. Il termine en me disant "mais je ne sais pas ce que ce jeune homme est devenu", et je lui ai dis "ce jeune homme est mort, c'était mon fils". Il était bouleversé. Il a voulu me faire rentrer pour m'offrir le café. Il n'aurait pas penser à sa mort, mais surtout pas que j'étais la maman. Je le remercie encore pour ce témoignage.

Dans la nuit je rêve de Raphaël. Je me trouve dans de longs couloirs, avec des portes de part et d'autre. Le calme y règne. Il y a beaucoup de marches à descendre pour arriver à lui. Et puis enfin je rentre par la seule porte ouverte et mon fils est là allongé sur une civière. Et il pleurt doucement. Je ne savais pas le voir pleurer. Cela m'a toujours été insoutenable et il ne bougeait pas. Juste des larmes. J'ai compris qu'il était venu me dire que sa mort était inéluctable et qu'il fallait que je l'accepte comme telle. Et puis je me suis retrouvée à côté de son lit assise et je le vois se relever en me disant "maman je t'interdis de me rejoindre, tu as encore des choses à faire". Puis se tournant vers mon compagnon il lui dit "prends soin d'elle, elle va en avoir besoin". Trois mois après papa mourrait.........