Le papillon de l\'espoir

Le papillon de l\'espoir

Mon petit Kévin

Mon Ange

Tu as été un enfant désiré et je t'attendais avec beaucoup d'amour et d'impatience.

Ma grossesse ne fut pas facile. En plus du traitement habituel pour te garder, ce qui fut le cas pour toutes mes grossesses, s'est ajouté le placenta prévia.

Très vite j'ai eu des pertes de sang qui ressemblaient à des caillots.
Je devais rester allongée, mais j'étais seule et sans aide.
Courageusement je me battais pour ta survie. Ton frère très attentionné suivait l'évolution de ma grossesse. Peu importe les ennuis je me démenais pour tout affronter. Je te voulais mon fils. Ton grand frère veillait, il avait déjà une petite sœur et il savait que tu allais venir.
Il m'arrivais souvent de m'asseoir dans le fauteuil et de regarder mon ventre bouger sous tes petits coups de pieds. Parfois je le voyais à travers mes vêtements. Avec ton frère nous formions une tendre complicité.

Sans mots juste de la tendresse. Nous étions heureux.
Par deux fois je suis allée à l'hôpital sous perfusion pour que cela se passe bien. Je te parlais je te demandais de m'aider, de tenir mon bout chou. De vivre malgré les circonstances. On se battait comme une véritable équipe mon garçon. J'avais mes deux garçons près de moi.

L'un visible, l'autre pas encore. Mais je me sentais bien et heureuse.

Est venu un soir un terrible drame, j'ai eu de la température et de ce fait les médicaments n'agissaient plus. Et à deux heures du matin j'ai commencé à avoir des contractions.
Je suis rentrée à l'hôpital et c'était trop tard plus rien ne pouvait arrêter le travail qui avait commencé. Je suis arrivée trop tard. J'ai failli ne plus pouvoir y aller tant ce travail a été vite et là nous serions morts tous les deux. J'ai été sauvée par la médecine mais pas toi mon enfant. Mais étais je sauvé ou déjà une morte vivante ?

Je suis rentrée à la maison, mais ton frère était malheureux sans aucun mot il a compris. Sa douleur était calquée sur la mienne.

Il se posait des questions. Qu'avais-je fais du bébé ? Pourquoi ne rentrait il pas avec moi ? Il avait eu sa sœur et il savait bien ce que j'avais été faire à l'hôpital. Il n'avait que deux ans et demi mais c'était clair.

J'étais anéantie. Et ces remarques que j'ai dû entendre comme quoi je ne devais pas m'en faire, que j'avais déjà deux enfants, que les temps étaient durs et que c'était mieux comme ça. Bref des conneries. Les gens en parlaient comme si tu n'avais jamais existé. Comment osaient ils ? Comment faire comme si tu n'étais rien parce que tu étais invisible pour eux ?

Que m'arrivait il ? Comment rassurer ton frère qui a été durant sa petite vie de 20 années tout à fait inconsolable. Il t'a cherché toute sa vie. Il avait perdu son double. Et moi je ne savais pas encore que ce drame serait hélas que le premier.

Le soir ton petit lit blanc était vide et mon cœur aussi. Tu me manquais et mon corps était vide. Où étais tu mon fils ? As-tu souffert mon fils ?

Je ne t'ai pas vu mon fils je sais juste que tu as vécu deux heures. On te tenait au chaud après t'avoir baptisé. Où étais tu ? On m'avait dit que tu avais été incinéré avec « les déchets » de l'hôpital. Tu imagines ma douleur. Cette phrase actuellement 21 ans plus tard, résonne toujours en moi. Aucun lieu pour me recueillir. Rien. Le néant. L'incinération et le lendemain il y avait beaucoup de vent et je me suis dit « mon Kévin est parti définitivement ».

Tu ressemblais très fort à ton frère. Je me suis souvent dit que je n'avais pas été à la hauteur de tes attentes. Au moment de rentrer à la maison je me collais aux murs. J'avais peur de partir, peur de rentrer, peur de vous voir. J'avais mal à en hurler.

POURQUOI ?????? Comment faire face à ce ventre vide que je sentais souvent bouger. Ce devait être mon imagination car il était vide mais je ne pouvais pas l'accepter mon bébé.

Comment continuer avec ce poids ? Comment regarder les autres bébés ?

Comment trouver le goût de continuer ? Comment dire à ton frère que nous ne t'avions pas abandonné ? Plein de Comment ????????????

Oui mon fils comment survivre avec un tel drame. Je me bats encore actuellement avec ces idées. Pourquoi es tu parti ? Pourquoi notre combat a prit fin ? Je ne saurais jamais mais tu n'es plus, et tu me manques.
Le plus dur fut de ne pouvoir aller me recueillir à un endroit précis et je ne savais pas tourner la page car pour moi tu étais bien réel et tu me manquais très fort. Pour la loi tu n'avais pas de personnalité juridique donc tu n'existais pas. Et oui la société bien pensante qui sait tout mieux que les autres. Qui règle tout sous la forme de textes froids et rigide, la société dans laquelle le cœur n'a que peu de place.

Il allait me falloir vivre avec tout ça. Jour après jour. Année après année.

Un ventre vide, une vie amputée. Jamais plus je n'aurais d'enfant. Tu auras été le dernier à vivre là mon fils.

Tu me manque toujours 21 ans plus tard.



15/10/2008
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